Le cannabis est maintenant vendu dans les pharmacies en Afrique du Sud à ne pas confondre avec le CBD . L’initiative vise à mieux réglementer l’utilisation de cette herbe. À bien des égards, une industrie prometteuse est encore marginalisée malgré la dépénalisation de son utilisation depuis 2018.
L’enseigne dénommée THC Africa est placée sous l’autorité du pharmacien Kyle Brocklebank, dans la province de Gauteng au nord du pays. Le principe est, comme dans toutes les pharmacies, de proposer au public la plante bien connue lorsqu’elle est présentée sur ordonnance. Parce que le cannabis peut être une drogue, ses utilisations médicinales dans le traitement de la douleur chez les autres sont maintenant largement reconnues malgré certaines objections.
C’est en septembre 2018 que la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud a annulé l’usage personnel de cannabis. C’était l’aboutissement d’une longue bataille aux répercussions parfois politiques, entamée par Myrte Clarke et Julian Stobbs, un couple militant pour la levée des restrictions autour du chanvre. Cette décision avait contribué à stimuler le savoir-faire des acteurs du dagga – nom donné localement au cannabis – notamment à travers une foire à Pretoria, une première en Afrique.
Mais malgré cet engouement renforcé par la libéralisation de la culture et de la commercialisation de la plante à des fins médicinales, un vide juridique persistant laisse encore peu de place à l’influence d’un secteur influent dont le potentiel est estimé à plus de 6,3 milliards de dollars en Afrique d’ici 2023, selon l’organisation Prohibition Partners.
Il y a en effet une ambiguïté sur la question en Afrique du Sud. Avec une production d’environ 2 500 tonnes par an, selon un rapport des Nations unies publié par Prohibition Partners, le pays a vu fleurir ces dernières années toute une industrie dédiée au cannabis autour des clubs privés, des boutiques et même des cliniques. Mais en l’absence de cadre légal, les acteurs ont tout de même fait l’objet de la surprise policière. En outre, l’obtention d’une licence d’exploitation, même à des fins thérapeutiques, auprès d’un régulateur national de la santé reste une tâche coûteuse et chronophage.
Certains analystes estiment que le pays gagnerait à une meilleure organisation de la filière pour profiter des opportunités de ce nouvel or vert, notamment en tant que produit d’exportation. Et plus encore parce que la Bourse de Johannesburg abrite certaines des principales sociétés pharmaceutiques du domaine. Autre stimulant pour la filière : la proximité avec le Lesotho voisin, pionnier de l’élimination du désherbage en Afrique.
THC Africa envisage d’étendre ses pharmacies à d’autres pays africains comme le Zimbabwe, le Kenya et le Nigeria.